Mes enfants se disputent, voire se frappent

Souvent, notre premier réflexe est d’intervenir.

Soit parce que nous avons peur que le conflit dégénère, soit parce que c’est fatigant d’avoir en fond sonore des enfants qui se disputent en permanence.

Donc, nous allons chercher à mettre fin au conflit à leur place. Par exemple allons trancher “Arthur, c’est toi qui avait le jouer en premier, donc c’est toi qui le garde”. Ou nous allons demander à Arthur de prêter son jouet. Le problème est que vos enfants vont prendre l’habitude de systématiquement venir vous voir à chaque conflit. Et là, c’est une suite sans fin…

Le deuxième inconvénient d’intervenir dans les conflits de nos enfants.

Nous prenons forcément parti pour l’un ou pour l’autre .C’est inévitable! , Résultat nous allons générer chez l’un des deux enfants un sentiment d’injustice. Et ceci, même si nous avons l’impression de résoudre le conflit de la manière la plus impartiale possible.

Prenons un exemple, vous dites “Toi Arthur, tu joues pendant 15 minutes avec le camion et après, ce sera au tour de ta soeur de jouer pendant 15 minutes avec. » Nous pouvons penser que nous sommes complètement impartiaux car chaque enfant jouera le même temps avec le jouet. Pourtant, il y a un enfant qui va être « privilégié » par rapport à l’autre car il jouera en premier avec le camion. Et là encore, il y aura un sentiment d’injustice chez l’un des deux enfants.

Ce sentiment d’injustice va venir alimenter les conflits, il va les nourrir. Pourquoi? Parce que lorsque nous avons un sentiment d’injustice vis-à-vis d’une personne, à la moindre occasion, nous allons chercher à réparer cette injustice en ayant le dessus sur la personne. Je vous invite à éviter au maximum d’intervenir dans les disputes de vos enfants et (sauf s’ils sont en train de se battre) à les laisser se disputer. Dans 80 % des cas ,le conflit va se résoudre par lui-même. Je sais que ce n’est pas toujours facile de laisser nos enfants se disputer parce que parfois nous sommes fatigués, nous n’avons pas forcément envie d’entendre pendant dix minutes “c’est moi qui avait le camion en premier, non c’est pas vrai c’est moi, tu mens, je l’avais en premier etc… “

Dans ces cas là vous avez deux possibilités:

• Soit vous demandez à vos enfants d’aller se disputer plus loin. Vous pouvez leur dire :”écoutez les enfants, je suis fatigué, j’ai besoin de calme, je vois que vous n’êtes pas d’accord. Est-ce que vous pouvez vous mettre d’accord mais dans votre chambre ou dans une autre pièce? » Ce n’est pas une punition, vous leur demandez simplement de respecter votre besoin de calme.
• Deuxième option: vous quittez purement et simplement la pièce sans rien dire. Les enfants ressentent très bien les choses. Ils vont vite comprendre que si vous quittez la pièce, c’est parce que vous n’avez pas envie de les entendre se disputer. Donc ils vont chercher à résoudre eux-mêmes leur conflit

Lorsque vos enfants se battent, vous pouvez intervenir mais sans prendre parti.Votre objectif en tant que parent va être de rétablir la communication entre les enfants. Finalement vous intervenez uniquement pour faciliter la médiation.

Première étape, vous allez voir l’enfant qui a été frappé ou qui est en train de pleurer et vous le faites parler.

“Qu’est-ce qui s’est passé, où tu as mal? ». Ensuite vous décrivez ce que vous voyez “ah oui, effectivement je vois que tu es rouge sur la cuisse, je vois que tu as une bosse sur la tête »; De façon à ce que l’autre enfant entende et prenne conscience des conséquences de son acte violent. Il est inutile d’en rajouter avec des phrases telles que « Regarde ce que tu as fait, tu n’as pas honte, ta soeur a vraiment mal etc … » Nous allons simplement laisser la culpabilité naturelle de l’enfant agir. Il n’y a aucun enfant qui est satisfait d’avoir frappé son frère ou sa soeur. Simplement à un moment, il a perdu le contrôle, il n’a pas réussi à gérer sa frustration, et il a déversé sa colère sur l’autre. Nous allons donc chercher à le responsabiliser sans le culpabiliser.

Deuxième étape: vous faites parler le deuxième enfant (celui qui a frappé) mais en tête-à-tête, uniquement vous et lui.

Vous pouvez l’interroger,

– « Que s’est-il passé? Qu’est-ce qui a déclenché ta colère? Qu’est-ce que tu voulais et que tu n’avais pas avant de frapper ta soeur? ».
– “Je voulais jouer tout seul dans ma chambre, je voulais avoir le camion rien que pour moi, je ne voulais pas qu’elle détruise ma tour.”
– “Est-ce que le fait de frapper ta soeur t’a permis de jouer tout seul dans ta chambre, d’avoir le camion rien que pour toi? »

La réponse est bien évidemment non! Ainsi, plutôt que de dire à votre enfant » frapper ne sert à rien”, votre enfant va lui- même prendre conscience que taper ne lui permet pas d’obtenir ce qu’il veut. A ce moment là, vous pouvez expliquer très calmement mais fermement qu’il a le droit d’être en colère, il a le droit d’être énervé, il n’a pas le droit de frapper. Il est inutile de faire de longs discours. En deux, trois phrases vous pouvez poser le cadre.

Dernière étape: la question.

– »Qu’est-ce-que tu feras la prochaine fois que tu veux jouer tout seul? Que tu veux avoir le camion rien que pour toi? »
– “je viendrai te voir, je quitterai la pièce…

A ce moment là, votre enfant indique le comportement qu’il adoptera la prochaine fois. Cela va lui permettre d’avoir une ligne de conduite: Quand je rencontre ce type de situation, qu’est-ce que je peux faire?